L’objectif des Yeux de l’Ouïe, quant à la programmation, est de privilégier les œuvres rendant compte d’une démarche ou d’une écriture originale, et surtout de présenter des formes audiovisuelles moins familières, plus rarement diffusées par les médias grand public. Ces diffusions ont pour but d’introduire le plus large public dans des univers sonores et visuels rares, de montrer que l’on peut être spectateur autrement grâce à un dispositif ouvert et convivial et de susciter des rencontres, d’inviter les artistes, afin d’interroger, d’accompagner et de révéler le potentiel critique de chaque spectateur. Parallèlement à l’organisation d’une manifestation annuelle « Les Yeux la Nuit », nuit vidéo qui se déroule au mois de juin, Les Yeux de l’Ouïe favorise les rendez-vous réguliers afin de diversifier les programmations et de fidéliser le public le plus large.
Je vous salue Sarajevo de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville
France – 1993 – 2mn – ECM Records
Une évocation de la civilisation en Europe et de la guerre en Bosnie d’après une photo de guerre de Ron Haviv et Luc Delahaye.
A souligner que ECM Records nous a accordé la gratuité de la diffusion, ce qui nous a permis de montrer ce film de Jean-Luc Godard.
Un Pont sur la Drina de Xavier Lukomski
Belgique – 2005 – 8 mn
De la guerre en Bosnie, on se souvient surtout des noms de villes comme Sarajevo, Mostar, Bihac, Tuzla,
Gorazde… et d’un massacre à Srebrenica. Mais de Visegrad, on ne se souvient pas. Visegrad existe pourtant.
C’est une ville de Bosnie orientale, avec un pont. Un pont symbolique et majestueux.
L’horreur d’un témoignage sur les atrocités commises pendant le conflit en Bosnie. Face à la violence du témoignage sonore et comme pour s’y confronter, le tenir à distance tout en lui donnant la parole, Xavier Lukomski a voulu l’image d’un pont. Et l’image d’un pont, c’est l’image d’un lien. Une image symboliquement forte. Un pont enjambe le cours d’un fleuve, d’une vie, d’un récit. Il relie deux rives, deux paroles, deux regards. Il affirme la permanence d’une rencontre.
Prix du meilleur court métrage au festival Punto de Vista (Pampelune – Espagne) en février 2006
La Hauteur du Silence de Hervé Nisic
France – 1995 – 28 mn
En présence du réalisateur
Sarajevo en 1995. La population civile de la ville est assiégée. La 4ème année du siège commence. Ecoeurés par le double langage qu’on utilise envers eux, les habitants de Sarajevo n’ont plus que le silence pour s’exprimer. « Les habitants de la Bosnie ne nous croient plus. Nos paroles leur semblent vaines, leurs appels inutiles. Ils n’ont plus envie de raconter leur histoire. Leur regard cependant en dit long. Sommes nous encore capables de le soutenir ? Cette résonance de toute l’histoire de nos relations à la cause bosniaque qui se perçoit dans ce regard est un exercice salutaire de réflexion pour nous tous. Les Bosniaques ne veulent
pas de notre pitié. Ils nous placent en face de nos responsabilités, de nos déclarations. Leur silence nous remue plus que tous les mots, sa hauteur est à la mesure de la gêne que nous ressentons. C’est peut-être la seule base possible pour un nouveau dialogue. »