Voir ensemble, se construire un regard. Territoire du collectif.
Par sa capacité à travailler la complexité du monde, à déplacer les regards et à ouvrir vers d’autres possibles, le cinéma est vecteur de lien, social, politique, poétique.
L’atelier, conduit par des professionnels du cinéma, a donc comme premier objectif de développer une pratique du voir ensemble au travers de visionnements de films. Il s’agit ensuite de partager cette pratique hors de l’espace intime de l’atelier pour aller vers l’espace public, la salle de cinéma ou d’autres lieux de projections collectives en proposant des programmations.
Regarder des œuvres, se risquer à leur interprétation, comprendre ce qu’elles ont à nous dire, appro-fondir ce que nous en disons, relève d’une réflexion sur la forme et les contenus, sur les représentations et les récits. C’est déjà faire du cinéma.
C’est la possibilité pour chacun de se libérer des images univoques, de cultiver ainsi son propre re-gard et d’élaborer un outil critique.
Regarder c’est questionner, et aussi choisir l’angle de son regard, l’angle de ses questions.
En pensant sa relation à l’œuvre, chacun d’entre nous, à une place de spectateur, élabore sa subjec-tivité, réfléchit sa relation au monde.
Voir ensemble devient alors un acte d’échange d’idées et de sensibilités, de croisement de cultures, de transmission, de stimulation des imaginaires.
Cette réflexion est nourrie par des rencontres régulières avec des cinéastes. La mise en regard des œuvres et des auteurs permet de découvrir une autre relation au film, d’entrer dans des univers de création et d’approcher les processus de réalisation.
En favorisant la mise en commun de la part singulière de chacun, en privilégiant les diversités culturel-les, en recherchant des porosités, des métissages, tout un potentiel de sensibilités et de compétences est à explorer. Il constitue le terreau pour susciter la curiosité d’interroger les représentations et le plaisir d’aller vers d’autres images.
La démarche passe en premier lieu par l’écoute, la reconnaissance des centres d’intérêt, de la culture et des sensibilités de chacun. À partir de là, il s’agit de proposer des passages vers différents “objets” cinématographiques afin d’ouvrir les champs culturels et nourrir les regards.
Dans ce processus, le temps n’est pas celui de la productivité mais celui d’un parcours dans le monde des représentations avec soi et les autres. Chacun l’effectue à son rythme pour trouver et désirer les images qui font sens.
Ce travail de réflexion à partir des œuvres, révèle un passage entre notre espace intime et notre es-pace social, la construction d’un espace sensible entre un film et des regards de spectateurs.
Des spectateurs qui ne sont pas nécessairement des spécialistes du cinéma, mais qui s’approprient un film pour faire acte de mise en regard et de production de sens.
Une manière d’approcher le cinéma dans ce qu’il porte de plus vivant, de plus populaire et de l’offrir au regard du plus grand nombre.